Résumé, définition

Structures diverses par leurs statuts, leurs partenaires, les populations cibles, les Living Labs en santé et autonomie –LLSA – ont pour fonction de faciliter l’émergence, l’identification et le développement de la valeur d’usage (design), la gestion de données d’usage notamment non cliniques, l’évaluation des usages, selon des méthodes adaptées à chaque phase du projet.

Les LLSA ont en commun une démarche pluridisciplinaire et participative associant notamment les usagers. Ils occupent ainsi une position pivot entre l’industrie, les acteurs de la santé, y compris les patients/citoyens et la recherche (sciences humaines, technologies, sciences du vivant selon les LLSA et les projets). Ils sont répartis sur l’ensemble du territoire national avec des spécificités thématiques en santé. Les LLSA interviennent en amont, pendant et en aval d’essais cliniques, en lien avec les CIC et les CPP (Comités de protection des personnes), y compris après la mise sur le marché.

Les services offerts couvrent : études amont (compréhension, qualification des besoins des populations), idéation, identification/élaboration et test de scénarios (y compris au besoin le recrutement des usagers), animation de séances de créativité/ co-design (avec potentiellement la mise à disposition d’espaces adaptés), prototypage,évaluation pluridisciplinaire (potentiellement dans des lieux simulant l’environnement réel mais contrôlés), accompagnement méthodologique, expertise (propre au LLSA ou experts partenaires). Selon le panier de services, compter de 10 à 100 K € pour une intervention.

Le parcours

TECHNOLOGY READINESS LEVEL (TRL)

Une majorité de LLSA dispose de plateformes techniques pour observer, tester, tracer des situations d’usage. La fonction« banc d’essai » –Test Bed– vise spécifiquement à apporter des éléments objectifs de valeur d’usage et de reproductibilité des résultats, permettant le passage en confiance à l’étape industrielle. Ils ont un rôle dans l’exploration en amont de concepts nouveaux, pour une qualification intégrant potentiel applicatif, viabilité technique, et exigences d’ingénierie.

(1) TRL 1-3

Le chercheur/utilisateur, tout acteur industriel en quête d’une idée ou souhaitant la valider et comprendre la réalité des besoins populationnels, sociétaux peut s’adresser à un LLSA.

Aide à la qualification/au choix de concepts selon des critères associant domaine applicatif, défis scientifiques, potentialités techniques et ingénierie collaborative. Valeur ajoutée : aptitude à mobiliser et faire interagir de façon productive les diverses expertises en vue de choix réalistes.

(2) TRL 5-6

Le chercheur, utilisateur ou son représentant, porteur de projet, industriel dispose à ce stade d’un concept matérialisé de façon plus ou moins aboutie. Il peut être désireux de le confronter à la réalité de la perception des futurs utilisateurs, patients et professionnels, dans des contextes et des situations prédéfinis ou non selon l’intention. Un passage en Living Lab permet un premier retour d’expérience. Compétencesmobilisées : sciences humaines, design, ergonomie ; mais aussi bancs d’essais assurant la validation et la reproductibilité de résultats de tests d’usage. Les LLSA peuvent aussi être associés aux TRL de niveau plus élevé.

L’industriel désireux de confronter son produit en phase de finalisation pré-commercial à la réalité du terrain de futurs organisations de santé intégrant les utilisateurs, patients et professionnels dans des situations prédéfinies ou non. Les LLSA peuvent mobiliser les méthodes d’accompagnement « hors les murs » pour faciliter les projets pilotes et le déploiement en associant les principales parties prenantes indispensables à la mise en œuvre de la solution (TRL 7-8).

MARKET READINESS LEVEL

La typologie des LLSA intègre leur aptitude à gérer les exigences propres et contraintes de différents marchés : le médical (en lien avec les CIC-IT), l’aide à l’autonomie, le social et le bien-vivre en bonne santé, notamment les enjeux de prévention. Leur rôle est d’offrir un espace de confiance et un soutien à la co-conception, la co-élaboration et l’évaluation de solutions pour la santé et l’autonomie ainsi que l’accès à des populations cibles et une connaissance de leurs spécificités en particulier en développant une acuité particulière aux utilisations dans la « vraie vie ».

(1)

Le chercheur/utilisateur, la collectivité territoriale, toute entité publique de santé, tout acteur industriel en quête d’une idée ou souhaitant la valider et comprendre la réalité des besoins populationnels, sociétaux peut s’adresser à un LLSA.

Expertise socio-ethnographique, connaissance de populations particulières (selon le LLSA).

(2)

Définition et conduite, en amont ou au sein d’essais cliniques, de protocoles de tests d’usage au plus proche ou conformes aux situations réelles d’utilisation. Les LLSA maîtrisent les diverses méthodologies pertinentes selon les projets assurent le respect des exigences réglementaires associés à ce type d’essai impliquant la personne humaine, en collaboration le cas échéant avec un CIC en charge de l’investigation principale. Les LLSA peuvent aussi être associé ou porter des évaluations d’usages et mesures d’impact de solutions en vie réelle.

Les LLSA peuvent aussi être sollicités dans des phases plus proches du marché avec un enjeu organisationnel et économique (évaluation) à partir des situations de vraie vie.

Glossaire

CPP : Comité de Protection des Personnes.

Déploiement : Activité qui fait suite à une installation expérimentale d’une solution nouvelle (« Pilote ») et a pour objet de diffuser en nombre de cette solution sur une zone géographique en veillant au maintien des exigences de qualité.

Idéation Étape centrale de l’approche du « Design thinking », l’idéation a trait au processus qui permet de générer, développer et tester des idées nouvelles dans une démarche d’innovation.

Qualification, potentialités technique, banc d’essai : La qualité, selon la norme internationale ISO est l’« aptitude d’un ensemble de caractéristiques intrinsèques d’un objet (produit, service,…) à satisfaire des exigences ». Qualifier, c’est ici s’assurer de cette qualité. Les exigences peuvent être d’ordre technique et renvoyer à des caractéristiques souhaitées et réalistes (potentialités). Enfin, le banc d’essai est plateforme permettant de conduire de façon rigoureuse, transparente, et reproductible des tests de validation de théorie scientifiques, d’outils de calcul et de nouvelles technologies.

Socio-ethnographie, Design, Ergonomie :Domaines des sciences humaines visant respectivement : une analyse socio-culturelle de populations ou groupes humains permettant de dégager des problématiques à résoudre ou d’apprécier l’impact de solutions ; une intégration en phase de conception des aspects objectifs et subjectifs des utilisateurs visant une appropriation du produit/service ; l’adaptation de la solution aux besoins de l’utilisateur dans son environnement d’usage. (Cf. Picard R. et al., La co-conception en Living Lab Santé et Autonomie » Tome I. Concept, méthodes et outils, — ISTE Editions, avril 2017)

Valeur d’usage La valeur d’usage est la valeur attribuée par un individu, à un bien en fonction de la satisfaction ou du plaisir qu’il lui procure. La valeur d’usage est subjective car elle varie selon les individus pour un bien identique. Cependant, des tests subjectifs permettent de l’existence constante d’une telle valeur pour une majorité d’individus (exemple : qualité médicale d’une image)

Ressources Internet

Forum des LLSA : http://forumllsa.org

European Network of Living Labs :http://www.openlivinglabs.eu/

Cluster i-care : http://i-carecluster.org/living-lab/

Principaux rédacteurs et relecteurs de la fiche :

Samuel Benveniste (CEN Stimco, Hôpital Broca, APHP); Gérald Comtet (Cluster i-Care) ; Sylvia Pelayo (EVALAB, CHU Lille) ; Robert Picard (co-fondateur et président de l’association de soutien au Forum LLSA).

 

Dernière mise à jour : 01 avril 2021